[Dominique Camard, luthier à Lyon]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0901 FIGRPT2294B 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
historique Dominique Camard a inauguré son nouvel atelier [le 23 janvier 1988]. En présence de ses amis et de Maurice Baquet, l'un des grands violoncellistes de France. Peu nombreux, le monde musical était pourtant bien représenté. Avec quelques solistes de l'Orchestre de Lyon, notamment. L'ambiance était chaleureuse et le solo de Maurice Baquet fort apprécié. Tout comme ses histoires sur Rostropovitch. Surtout, cette rencontre était l'occasion pour Dominique Camard de célébrer l'expansion de sa maison. Installé au 77, rue de la République, Dominique Camard est luthier. Cela signifiait, aux siècles précédents, fabricant d'instruments de musique. Aujourd'hui, explique-t-il "le luthier est surtout considéré comme le fabricant d'instruments à cordes, du type violons et violoncelles." Sa passion, donc, la restauration et la réparation de ces instruments. Question de moyens et de temps, car, à terme, il aimerait en fabriquer réellement. "Ne serait-ce parce qu'à l'avenir il n'y en aura plus beaucoup." La tradition, Dominique Camard la connaît bien et la travaille. Son atelier, l'ancien du moins, l'atteste. Il était, autrefois, celui de Paul Blanchard, l'un des plus grands luthistes lyonnais et français. Ce dernier avait fondé la maison en 1876. Depuis, elle n'a cessé d'appartenir aux luthiers. Mais l'espace se faisait rare. Dominique Camard n'en pouvait plus. C'est pourquoi l'étage au dessus a été entièrement rénové. Il servira au réglage sonore et à l'écoute musicale en général. L'étage en dessous restera, cependant, l'atelier de travail proprement dit. Dans une pièce avec des plafonds à la française, on trouve aussi de jolies pièces de collection. Pièces de l'école lyonnaise qui a connu son apogée au dix-neuvième siècle avec Paul Blanchard et Pierre Sylvestre et un violoncelle du dix-huitième italien. La clientèle appréciera, sans doute, ces nouvelles installations. "Car, par le passé, faute de place, nous essayions mêmes les instruments dans le couloir. Ce n'était plus sérieux." Lyon, semble en tout cas, avoir eu la mainmise sur les luthiers. En effet, l'introduction du violon en France date du règne de François Ier. C'est d'Italie que vient cet instrument. Mais la première fabrique française aurait été lyonnaise. Un certain Diffenbucker, installé à Saint-Jean, en serait le propagateur. Quant à Dominique Camard, il est l'un des spécialistes lyonnais dans la restauration de violons. Véritable artiste, le luthier est aussi un chercheur. Chercheur de nouvelles techniques dans la restauration des pièces. Car les instruments finissent par avoir des cassures. Le métier consiste, par exemple, à poser des pièces de soutien et a retravailler les points névralgiques de l'instrument. A la fin, plus aucune trace n'est perceptible. Tout un travail de finition et de consolidation. Et qui nécessite, selon Dominique Camard, "dix ans de formation. Car le métier évolue sans cesse." Surtout, c'est une véritable relation d'intimité qui se crée. Au même titre qu'entre le peintre et son tableau. Car l'essentiel est de "bien connaître son instrument et de savoir apprécier sa valeur." Au niveau de la qualité du son, bien sur, mais aussi de la pièce elle-même. Avec ses deux apprentis (lui-même a fait ses "classes" cher Schmidt, autre grand luthier lyonnais), c'est donc un travail de titan qu'ils réalisent. La réparation peut prendre, parfois, un temps considérable. Patience et précision, sont ses deux leitmotivs. A terme, cet artiste voudrait élargir le choix des possibilité et fabriquer des violons et des violoncelles, "pour perpétuer la tradition" comme il aime à le dire. Mais aussi élargir sa clientèle. Il a déjà des contacts avec plusieurs pays d'Europe et au Etats-Unis. Entreprise à part entière, la maison Camard est sans doute à la recherche d'une nouvelle dynamique. Bien qu'une clientèle lyonnaise lui soit fidèle. C'est l'une des raisons pour lesquelles il cherche d'autres débouchés. En somme, la maison Camard a un défi à relever : celui de l'Histoire. Source : "Le violon d'Ingres du luthier" / Léon Bruneau in Lyon Figaro, 27 janvier 1988, p.44.

Retour